Je ne l'ai pas abordée, non par timidité mais par incrédulité; Elle avait tout pour plaire, et ce qui m'a encore plus plu c'est qu'Elle a passé autant de temps que moi à parcourir les rayonnages de la librairie - et ce n'est pas rien. Allant payer ma Coraline, je n'ai pas pu voir ce qu'Elle-même était en train de payer* , en partie car je n'avais pas mes lunettes (le monde à peu près comme dirait Jean Rouaud) et en partie car un vieux en quête d'agenda obstruait mon espace visuel de sa personne surmontée d'un bérêt. Je L'ai suivie. Non, je ne suis pas un pervers psychopathe, du moins pas un pervers. Je L'ai suivie parce que ça ne se fait pas et que ce serait donc dommage de ne pas le faire. Je L'ai suivie de loin et pas très longtemps, car L'ayant perdue de vue le temps d'un passage piéton, d'un angle de rue, Elle a disparu. Elle, sa veste de velours côtelé bordeaux, ses fleurs emballée, son sac de commissions, son pantalon tombant élégamment sur ses chaussures sans talons et ses livres indéterminés. Pas plus de trace qu'un courant d'air. Je suis monté jusqu'au banc devant l'église et me suis assis pour lire le chapitre premier de ma récente acquisition, relevant le nez à chaque paragraphe en espérant que le destin aurait changé d'avis, mais on ne peut pas faire confiance au destin, c'est une procédure trop hasardeuse. Alors je suis reparti. Après tout, ce n'était probablement qu'une projection éidétique de mon inconscient, car les gens ne disparaissent pas en l'espace de 42 secondes. Ou bien c'est qu'Elle est entrée dans un magasin de fringues.

Neil Gaiman a dit, et ça me fait plaisir:Enfin! J'attendais que quelqu'un reprenne Sandman en français - en français car les avoir en import coûte trop cher pour ma bourse - à l'endroit où le Téméraire avait laissé la série (ainsi que d'autres bonnes séries comme Les invisibles de Grant Morrison) depuis qu'ils ont malheureusement cessé leur activité* ...

See Also:

• Gino à Angoulème pour voir le sieur Gaiman
• Interview de NG traduite par Barbara Morse à propos de Coraline (review).
• D'ailleurs, je viens justement de lire Coraline, livre pour enfant qui évoque un sombre envers du décor (De l'autre côté du miroir, on trouve une esthétique à la Tim Burton). Peut-être un futur classique car sa simplicité fonctionne bien. On est ici dans le domaine des contes de fées, ceux où tout est loin d'être rose mais où l'aventure laisse son empreinte parmi les souvenirs. Petit regret: j'aurais du le lire en VO, car je ne suis pas sûr que la traduction soit au plus juste, une impression comme ça, au détour de qq phrases.
• Btw, NG is 42 yrs old...

Activité rigolote: renouvelage du tas de scotch qui maintient la branche gauche de mes lunettes dans un état de relative Atomicité / Cohérence / Isolement / Durabilité* ... ce qui a pour conséquence directe: avoir un port de tête altier en vue de ne pas fournir à la gravité l'occasion de faire glisser le long du nez mon appareil occulo-correcteur...

«Si, en vous mesurant, les rapports "hauteur totale / distance sol-nombril"et "distance sol-nombril / distance nombril-sommet du crâne" sont égaux (environ 1,6), vous êtes bien proportionnés... [...] D'après un croquis de Léonard De Vinci, Groquik semblait être bien proportionné ... Alors, pourquoi a-t-il été remplacé par le chétif lapin Quicky ?» et d'autres choses sur le nombre d'or...

Au risque de ne pas être original pour deux sous, je dois dire que Miyazaki, c Bien. Donc non seulement je vous conseille vivement Laputa, le château dans le ciel(2) qui est tout à fait le morceau réjouissant attendu, mais aussi Nausicaâ, la vallée des vents(1)* , dont le succès a permis la commande de Laputa justement. Celui-ci est plus sombre, pas tout à fait destiné à être drôle ou trépidant d'un bout à l'autre. Les thèmes et les personnages sont forts, et le ton est dans le style de Princesse Mononoké(3), du très bon encore une fois.

Je ne fais pas de jeu sur l'ordinateur, Je ne lis pas assez et pas assez vite, Je ne sais rien faire de mes mains - ni bricolage ni mécanique ni rien -, Je ne mail/écris à mes amis que bcp trop peu et ça me tue, Je ne fomente pas de conspiration occulte pour le règne de Cthulhu (ïa ïa Cthulhu f'tagn) sur la mer comme aux cieux, Je ne fait rien pour aider la maisonnée dans ses tâches ménagères, Je ne sais pas dessiner malgré les heures d'amphi à gribouiller, Je ne sais pas faire de musique ni chanter ni danser, Je ne suis pas coool, Je ne pratique plus les techniques ninja secrètes depuis pas mal de temps, Je ne développe pas assez ma culture cinématographique, Je ne crée pas et je ne détruit pas guère* , Je ne gagne pas de tunes, Je ne suis spécialiste en rien, Je ne touche pas ma bille en info alors que ça fais 10 ans que je martyrise des babasses, Je ne blog pas comme je voudrais, Je ne sais pas écrire alors du coup Je n'ai pas de roman en cours, Je ne sais pas pourquoi je fais ce post, Je ne refais pas encore mon layout de manière techniquement correcte et c'est pô bien, Je ne regarde pas la télé ou très peu, Je ne comprends rien à rien et ne sais rien sur rien, Je ne fais pas de sport ni vélo ni ski, Je n'ai pas encore fini Gödel Escher Bach d'Hofstatder, Je ne dors pas bien, Je ne me souviens pas assez de mes rêves et Je ne comprends pas pourquoi les semaines défilent tellement...
dot: je n'ai pas de voiture
cass: je ne devrais pas écrire des bétises, c pô bien

de Mark Z. Danielewski [amazon link]
Moi-aussi j'ai fini la (1ère) lecture de ce livre peu commun. Je ne vais pas le décrire car il y a moyen de se documenter ailleurs, mais pour faire un bref portrait, je dirais que c'est un tableau de Escher sous la forme d'un roman de l'OuLiPo. Mes impressions pour le moment sont mélangées, tout comme l'est le roman, et je peux dire qu'il y a des parties indigestes, des moments hypnotiques, des passages qui poussent à la réflexion et d'autres qui sont typiques d'un roman classique. Mais mes impressions sont forcément incomplètes à cette heure, car la lecture laisse trop de choses en suspens. Le joli décor typographique et structurel s'effrite par endroit pour laisser apparaître des points intriguants (tiens, des incohérences dans l'index... tiens, un nom est mentionné sans autre explication... tiens, on peux faire d'étranges rapprochements qui jetent une lumière nouvelle sur le texte...) et par ailleurs, le livre est une invitation à l'apport personnel.
See also: le forum francophone, site officiel

...je n'y connais pas grand chose.Alors là, je ne comprends pas bien. Tout d'abord, je ne comprends pas en quoi la philosophie a perdu son objet, car si elle est épistémologisée en totalité, on ne m'a pas prévenu. L'épistémologie reste une partie de la philosophie, et s'applique à son domaine. Que ce domaine ai pris des proportions dérangeant d'autres territoires de la pensée ne le rends pas dangereux pour la philosophie, au contraire car celle-ci doit sans cesse être bousculée. Ensuite je ne comprends pas en quoi il faut créer plutôt que de s'attacher à ce qui est. S'il faut se détourner de ce qui est pour créer ce qui devrait être, je crois que c'est là que réside la peur. Enfin, les systèmes logiques auto-référentiels ne ruinent l'affinité de l'homme au monde que lorsque cette affinité est construite sur des bases fausses ou lorsque les systèmes le sont, et je crois qu'il est possible d'avancer sur ce sujet des choses que certains n'aiment pas entendre. Cela dit, je n'ai jamais fait de philo ni d'épistémologie.

* à propos de TMS/RSI: Stephanie Booth, Annie Abrahams

de John Dos Passos
Je ne serais pas allé vers ce livre sans son titre, les romans sociaux ne me plaisant généralement pas énormément, mais l'accroche du 42 me l'a fait prendre en main et feuilleter et m'a suffisament intéresser pour me convaincre et maintenant il faudra que je m'attaque à la suite de la trilogie (L'an premier du siècle, 1919 et La grosse galette) pour retrouver les personnages et leur destin au sein de l'amérique, car c'est bien.

Quel a été votre point d'entrée dans les blogs ? [chez Mouche et en écho chez Stephanie] Je me souviens parfaitement de mon point d'entrée dans le monde des blogs: je traînais quotidiennement mes guêtres sur Shell-X-City, site de win geek software news en gros... De leur propre aveu, ils ne linkaient pas habituellement les "blogs" (je me demandais bien ce qu'ils entendaient par là) mais avaient fait une exception pour Zannah aka #!/usr/bin/girl et j'ai découvert de liens en liens, comme de juste, le monde merveilleux (ou pas) des blogs...Au passage, bienvenue à Temporel dans ce mondeEt à Uzdruk [via Eulvin] car il parle au moins deux fois de hachette

Pattern Recognition, le prochain William Gibson,
& "Blog from William Gibson Coming Soon"

Il y a eu depuis mon dernier post comme un hiatus, un vortex, un silence, whatever. Et je n'ai pas vraiment d'explication à donner, ça s'est fait comme ça. Je n'ai pas cherché à me prendre la tête pour poster alors que je n'en avais pas l'impulsion, et je ne vais pas chercher à me prendre la tête à savoir pourquoi. Donc que s'est-il passé depuis le sybillin 'Goto Nancy' ? J'y suis allé, Fête. Je suis revenu, Fêtes en famille. J'y suis retourné, Nouvel an. Je suis revenu. Et voilà.
Un des premiers événements notables de cette année est la fin de ma liaison avec N. que je voyais sporadiquement depuis qq mois, histoire construite sur la base peu solide d'une relation non exclusive. Je ne peux pas dire que je sois vraiment triste dans la mesure où je l'ai toujours vu sous la forme d'une amitié amoureuse plus qu'autre chose, mais j'espère ne pas perdre une amie par la suite.
Je commence l'année célibataire, chez mes parents, sans emploi ni véhicule, mais ce ne sont pas des considérations qui me pèsent pour le moment. Je suis à des années-lumières de la déprime, pourvu que la lumière n'accélère pas trop ;) J'ai commencé à envoyer des voeux (d'ailleurs je ne pensais pas poster ici avant d'avoir fini, mais ce n'est pas très bien vis-à-vis de ceux qui viennent voir s'il y a du neuf) mais ma lenteur affolante ainsi que l'envie de ne pas faire de mails groupés rendent l'opération gourmande en temps.
A ma fenêtre, l'aube est bleutée sur la neige d'un jour. J'ajoute autant de lignes que j'en raye sur le petit papier des choses à faire, des lignes apparaissent dans ma mailbox à mesure que j'envoie des mails tout frais, le temps mis à parcourir une tournée des blogs suffit à avoir des updates, mon train train quotidien qui me berce et me déborde.